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Tribune Libre de Jean Cartron : « Il y aura un avant et un après Toulouse »

De plus en plus, le jeu politique consiste à rendre acceptable des mesures inacceptables, à trouver les moyens de justifier l’adoption de lois ou de règlements autrement injustifiables.

L’un des moyens que l’on retrouve régulièrement dans les discours de nos dirigeants est le recours à la crise. Crise économique, crise sociale, autant de déflagrations qui ont justifié l’augmentation de la pression fiscale et les mesures de dirigisme économique adoptées depuis le début des années 2000 (et, notons-le, sous des gouvernements censés être « libéraux », favorables à la protection des libertés individuelles et de la propriété privée).

L’attaque terroriste que la France a connue ces derniers jours est en passe, à peine les victimes inhumées et le suspect abattu sans autre forme de procès (ce qui est, au final, assez commode), de devenir le prétexte à l’une des plus grandes régressions en terme de libertés individuelles que l’on ait connu depuis longtemps.

Le président de la république (et non le candidat, puisque la campagne présidentielle est suspendue de facto) vient en effet d’annoncer une série de mesures destinées à lutter contre « l’apologie de l’extrémisme ».

Ce n’est pas le fait de commettre ou de tenter de commettre un acte terroriste qui est visé ; ce fait-là est déjà un crime. Ce n’est pas le fait de se regrouper dans le but de commettre un acte terroriste qui est visé ; ce fait-là est déjà un délit.

Ce qui est visé, c’est, aux dires du président Sarközy, le fait de « consulter des sites internet qui font l’apologie du terrorisme et de la violence ». C’est également « la propagation et l’apologie d’idéologies extrémistes ». La lutte contre ces faits étant assuré « avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte antiterroriste ».

Dans sa grande sagesse et sa grande clairvoyance, le président évite de désigner quiconque (surtout pas de stigmatisation d’une minorité). Mais en ne désignant personne, il désigne tout le monde. Et il le fait en employant un terme dénué de toute signification : l’extrémisme.

Qui est extrémiste ? Celui qui n’est pas modéré. Qui est extrémiste ? Celui qui refuse de se taire. Qui est extrémiste ? Celui qui refuse la voie unique tracée par les apparatchiks cooptés, celle du vivre-ensemble, de la république laïque financée par une contribution citoyenne volontaire. Qui est extrémiste ? Celui qui s’interroge. Tout simplement.

L’état d’exception peut être légitime, à condition qu’il soit limité et tendu vers un but précis.

En refusant de désigner un adversaire, c’est l’ensemble des français que montre du doigt le président Sarközy. Ce n’est pas sur une poignée de fanatiques religieux (parfaitement identifiables au demeurant) mais sur le peuple entier que pèsera l’arsenal de mesures annoncées aujourd’hui. Et c’est le peuple entier qui, affaibli par son gouvernement, sera encore plus à la merci de ses ennemis.

Comme à Madrid en 2004, c’est à un véritable coup d’état que l’on assiste en France aujourd’hui. Les temps à venir s’annoncent sombres et douloureux.

Tribune libre de Jean Cartron pour Infos Bordeaux

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2 Comments

  1. C’est ce que j’ai ressenti aussi en écoutant cette allocution!C est bien commode en étant aux leviers de faire des annonces “stigmatisant” c à la mode!! le terrorisme tout en visant tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la politique umps, consistant à nous faire accepter de gré ou de force le multiculturalisme ,la mondialisation et la protection des rois du pétrole!en somme du vent en ce qui concerne le principal nos valeurs en tant que peuple souverain!

  2. C’est vrai,
    quand nous buvons un 3ème coup, nous sommes extrémistes
    quand nous mettons une deuxièmme pincée de sel sur soupe, nous sommes extrémistes
    quand nous écoutons notre air favori avec emphase, nous sommes extrémistes

    Arrêtez vos conneries, on est encore en France§

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