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Hélie Denoix de Saint Marc est décédé

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Le bordelais Hélie Denoix de Saint Marc est décédé cette nuit. Le 28 novembre dernier, il avait été élevé par Nicolas Sarközy à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur.

Élevé au collège Tivoli à Bordeaux, ce dernier était une des grandes figures de l’armée française. Entré à 19 ans dans la Résistance, il fut déporté en 1943 au camp de Buchenwald.

Célèbre pour avoir refusé de trahir ses hommes et d’abandonner les harkis pendant la guerre d’Algérie en 1961, Hélie de Saint Marc avait participé au putsch des généraux à Alger. Il fût gracié le 25 décembre 1966.

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16 Comments

  1. Paix à son âme. J’espère que la mairie de Bordeaux lui rendra hommage en donnant le nom d’une rue à ce grand bordelais !

  2. Mon Commandant,
    C’est un jour d’une tristesse infinie.
    Vous resterez l’officier le plus respecté de tous les légionnaires que vous avez commandé.
    C’est une grande perte pour notre pays
    AF , sergent, 1er REP, 1ere compagnie

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  5. Philippe Pouzoulet

    Le décès d’Hélie Denoix de Saint-Marc marque symboliquement la fin d’une époque : celle pendant laquelle le discours sur la guerre d’Algérie a été largement accaparé par les protagonistes survivants.

    H. Denoix de Saint-Marc a été l’un d’entre eux, de toute première importance en raison à la fois du rôle qu’il a joué dans les événements et d’une personnalité hors du commun.

    Il fait partie de cette dernière génération de militaires qui ont pensé que la fonction  (et l’honneur) de l’armée était aussi d’assumer un rôle politique. Cette conception, qui participait d’une éthique de l’officier, tout comme l’analyse qu’a faite H. Denoix de Saint-Marc du conflit algérien, étaient toutefois devenues anachroniques dans le contexte  de la décolonisation du continent africain, Afrique du Nord comprise.  H. Denoix de Saint-Marc a payé du basculement de sa vie et de sa carrière militaire le basculement de l’histoire que, comme beaucoup d’autres, il n’avait pas clairement perçu dans l’enchaînement si complexe des événements. Si l’échec n’est pas dépourvu de noblesse, il est cependant difficile de le glorifier et a fortiori d’en faire un modèle.

    Philippe Pouzoulet
    Ancien président de la Fraternité Edmond Michelet

    • Bellinnée Arthémis

      @ Philippe Pouzoulet… je ne saisis pas la fin de votre laïus…il faudrait ne pas honorer cet homme parce qu’il a subi l’échec dû à ce que vous appelez vous-même le basculement de l’histoire?…

      • Philippe Pouzoulet

        H. Denoix de Saint-Marc fut un grand résistant et un grand officier (comme le montre un commentaire ci-dessus) et il aura certainement droit aux honneurs militaires qui lui sont dus, puisque non seulement il a bénéficié d’une amnistie pour le putsch d’Alger(votée par Edmond Michelet alors député)mais aussi ses décorations gagnées au combat lui ont été restituées par N. Sarkozy. L’honneur de l’homme et du soldat n’est donc pas en cause : il serait temps d’en finir avec les insultes d’où qu’elles viennent, 50 ans après la fin d’une guerre…Je suis pour ma part reconnaissant à nombre d’amis bordelais qui ont été du bord de l’Algérie française d’avoir oeuvré en ce sens dans un esprit de réconciliation.

        Mon message avait pour but de souligner que la parole doit maintenir revenir aux historiens car la personnalité d’H. Denoix de Saint-Marc synthétise de façon emblématique et même flamboyante un certain nombre de caractéristiques qui permettent de comprendre les motivations et l’action d’officiers de premier plan tels que lui: le traumatisme de la défaite de 40 et de l’occupation, la résistance, le nouveau traumatisme des officiers de l’armée coloniale défaite en Indochine (Dien Bien Phu), l’engagement de l’armée dans la pacification algérienne, le fossé existant entre une partie des cadres, soucieux de ne pas trahir cet engagement qu’ils estimaient (à tort) avoir pris personnellement envers les Français d’Algérie et les supplétifs algériens de l’armée (Harkis) et les conscrits surtout désireux de revenir dans leurs foyers en d’en finir avec une sale guerre, la dynamique politique en métropole (dépendante du contexte international et maghrébin : indépendance tunisienne et fin du protectorat au Maroc ; délitement de la 4ème république, méandres de la politique du Général de Gaulle) et en Algérie, etc…

        Nul ne songe à contester qu’H.Denoix de Saint-Marc était aussi habité de préoccupations éthiques très rigoureuses. Mais la question cruciale que pose son itinéraire est celle-ci,à mon avis : quelle éthique du soldat pour servir quel bien politique ? Rétrospectivement (c’est naturellement plus facile…) nous voyons bien qu’il n’y avait pas d’autre issue en Algérie que la décolonisation. Que celle-ci aurait pu se faire à moindre coût pour les pieds noirs, dont l’arrivée en métropole a été si douloureuse et si mal accompagnée, les harkis sacrifiés (un point noir du bilan du Général de Gaulle) et même pour les Algériens qui n’en ont toujours pas fini avec leur “culture de guerre” (B. Stora), est une évidence.

        Mais l’erreur – et l’échec- d’Hélie Denoix de Saint-Marc a été de croire qu’il était possible de se mettre en travers du cours de l’histoire et de substituer un pouvoir militaire réactionnaire au gouvernement légitime de la République, en usant de son autorité d’officier supérieur pour entraîner son régiment dans la rébellion. L’amnistie ne peut pas faire obstacle au jugement de l’histoire et c’est pourquoi je trouve déplacé de mettre aujourd’hui HSM sur un piédestal comme on a trop tendance à le faire dans certains mlieux qui n’ont toujours pas fait le bilan de la guerre d’Algérie. A HSM, je préfère sans hésitation la belle figure du général J. De Bollardière qui a clairement pris parti contre la torture en Algérie…et contre le putsch auquel HSM a participé.
        J. De Bollardière était lui aussi un officier animé par une haute idée de sa mission, mais cela ne l’a pas conduit à tenter de renverser le gouvernement de la République…Il y eut aussi des officiers qui ont passé outre aux ordres sans pour autant faire de putsch et qui sont rentrés en métropole avec leurs harkis pour leur éviter une mort certaine. La mémoire de ces hommes-là mérite d’être honorée, également.

        Enfin, on pourra me rétorquer que le Général de Gaulle, quant à lui, n’a pas hésité à se rebeller en passant en Angleterre. A cette différence majeure qu’il n’a pas entrainé une troupe dans un putsch en usant de son ascendant d’officier : De Gaulle a agi seul, en homme politique, et appelé tout un pays à refuser la défaite. Denoix de Saint-Marc, c’est l’armée qui veut prendre le pouvoir pour conduire la nation là où elle prétend savoir aller mieux que le pouvoir politique. De Gaulle, c’est l’appel à la nation pour continuer le juste combat en mobilisant toutes les forces disponibles bien au-delà de l’armée. De Gaulle est animé d’une profonde culture républicaine, c’est beaucoup moins clair chez HSM lors du putsch.

        Puisque vous voulez un second laïus, plus explicite, le voici…

        • Philippe Pouzoulet, Ancien président de la Fraternité Edmond Michele… vous êtes simplement répugnant d’arrogance et de mépris pour cet homme qui vous valait très largement…

        • Quand vous parlez “éthique du soldat pour quelle politique”, l’histoire de la dernière guerre nous a montré clairement que le soldat ne peut pas servir pour faire n’importe quoi. L’exemple des officiers nazi qui se réfugiaient derrière l’ordre donné pour perpétuer des crimes est bien là pour le montrer, et a contrario celui des officiers qui comploté contre Hitler, qui sont maintenant, à juste titre mis sur un piédestal, l’illustre bien. Ce sont des cas extrême mais ils montrent bien ce qu’est la vraie voie de l’honneur.
          Pour De Gaulle, je ne suis pas du tout d’accord quand vous dites qu’il était seul : De Gaulle a appelé à l’insubordination, des milliers de gens avec lui, et je ne lui en fais pas grief, bien au contraire. Il n’agissait pas dans le cadre légal, il était un déserteur qui appelait à déserter : encore une fois je ne lui fais pas grief, il a eu raison.
          Vous semblez reprocher à Denoix de Saint-Marc de ne pas avoir été un visionnaire politique : on lui a demandé de faire un job qui engageait sa responsabilité personnelle vis à vis de Harkis qui lui ont fait confiance. Ne pas réagir était un crime contre l’honneur et un crime tout court.
          Pour moi Denoix de Saint-Marc a bien droit à son piédestal.
          Hugues de Warren

        • Monsieur Pouzoulet,

          Merci pour votre intervention ainsi que pour votre analyse de l’action d’H. Denoix de Saint Marc.
          Je pense que même si dans les faits et sur une bonne partie, vous avez raison (pour tout ce qui est d’entraîner des hommes dans un putsch, etc)… sur quelques points, vous jugez un peu vite.

          La question posée par son parcours, n’est probablement pas de savoir quelle éthique du soldat pour servir quel bien politique, mais simplement quelle éthique du soldat… question posée plus récemment encore, par exemple dans l’affaire Mahé.
          HSM (permettez-moi de le nommer ainsi)reconnaît à mes yeux assez explicitement “s’être trompé” lors de son action du putsch, et comme vous le dites si bien, cette erreur s’explique très bien au regard de son parcours.
          Mais jamais, dans aucun de ses livres, il n’a cherché à “écrire l’histoire”, la substituant aux historiens par la même occasion, comme vous semblez le penser. Tout au plus se permet-il de se placer comme “témoin direct” des événements.

          Quant à son erreur, il n’a pas essayé de se mettre “en travers” du cours de l’histoire, puisque c’est une notion qu’on ne peut définir qu’avec le recul, a posteriori des événements.
          Son action défendait une idée qui certes a fait long feu – celle d’une Algérie Française, proposée par le courant légaliste – mais aussi un peuple, une “alliance” qui avait été conclue, entre les militaires, au nom de la France, et cette population qui s’est engagée à ses côtés jusqu’au bout… pour être finalement abandonnée.

          L’erreur d’HSM, a été d’être trop fidèle à ses engagements d’Homme, au point de préférer se révolter contre son pays, plutôt que devoir à nouveau trahir des hommes. Et de ne pas comprendre que le politique se joue souvent de l’Homme au profit du Pays, de l’Etat. Et ce que vous voyez comme une simple “explication contextuelle” est, à mon humble avis, bien plus.

          Quant à son oeuvre, je me répète, mais elle ne se place pas tant en révision de l’histoire qu’en témoignage d’un homme qui jusqu’au bout, ne renie ni ses convictions, ni son courage et qui prouve que même dans l’erreur, on peut être grand.

          Je ne connais pas l’oeuvre du général J. de Bollardière, mais serai ravi d’en savoir plus sur lui, dès que j’en aurai le temps, puisque ce n’est pas la première fois que j’entends parler de lui.

          • Merci de votre réflexion que je rejoins. C’est surtout pour les gens plus jeunes tels que vous que je suis intervenu sur ce forum, pas pour polémiquer avec les “scrogneugneux” de la guerre d’Algérie qui, de toute manière, mourront avec les certitudes qui les ont envoyés dans le mur il y a 50 ans…

            Voici ce qu’écrivait Benjamin Stora il y a déjà 20 ans (Histoire de la guerre d’Algérie, Repères La Découverte) : ” La guerre d’Algérie trouve son origine dans l’imposition brutale d’un système colonial, subie par la masse des Algériens musulmans. La reconnaissance de ce fait, en France, n’est pas évidente. Avancer exige qu’on tienne ensemble tous les points de vue : de la France sur l’Algérie, de l’Algérie sur la France, de l’Algérie sur elle-même et de la France sur elle-même, qu’on en revienne à l’avant-guerre d’Algérie, qu’on poursuive à l’après-guerre. Les blessures sont, malgré elles, en miroir l’une de l’autre, et c’est dans cette réticence à se voir dans la souffrance de l’autre (et, disons-le clairement, surtout de la part des Français dans le drame vécu par le peuple algérien) qu’existe une résistance forte à l’élaboration d’une mémoire authentique. Celle qui ne prend son sens qu’en une compréhension des souffrances que d’autres groupes ont subies. En France nous n’en sommes pas encore là”.

            Ce forum tend à prouver qu’en 2013, un certain nombre de Français n’en sont toujours pas encore là…Ce n’est pas une raison pour renoncer à poursuivre les efforts.

  6. Bellinnée Arthémis

    @ Philippe Pouzoulet:

    ” – Un ami m’a dit un jour : « tu as fait de mauvais choix, puisque tu as échoué ». Je connais des réussites qui me font vomir. J’ai échoué, mais l’homme au fond de… moi a été vivifié.

    Je crains les êtres gonflés de certitudes. Ils me semblent tellement inconscients de la complexité des choses … Pour ma part, j’avance au milieu d’incertitudes. J’ai vécu trop d’épreuves pour me laisser prendre au miroir aux alouettes. – ”
    Extrait de “Toute une vie” Hélie de Saint Marc

  7. Un grand homme nous quitte ! que les ailes qui t’ont portées cette fois t’accompagnent vers la paix des Braves ! Mon respect Monsieur ! Mes pensées aussi à sa famille et ses amis pour leurs dirent ma tristesse et mon soutien ! Mes condoléances donc ! Mais Je n’oublies pas ses Frères d’Armes ! RIP Soldat ! Tu as fais honneur à la France et à tes convictions ! Je resterais un de vos élèves qui regretera de n’avoir pu vous rencontrer ! Vive st Michel ! Vive les Paras ! Vive la Légion ! Et Vive la France !

  8. HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE

    lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news

    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l’époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l’Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l’ isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd’hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.

    Sur radio-alpes.net – Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) – Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone…émotions et voile de censure levé ! Les Accords d’Evian n’effacent pas le passé, mais l’avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

    Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

  9. De gaulle a abandonné tous ceux qui ont voulu rester Français en Algerie,alors départements Français..
    Merci à De Saint Marc d’avoir maintenu un code de l’honneur…On rappellera qu’un decret du 20 mars 1962 a interdit aux habitants des DOM d’Algerie de voter pour ratifier ou non les accords d’Evian…
    Le proche de Monsieur Michelet fait preuve ‘uchronisme,maladie à la mode.
    Un pied noir en exil depuis le 18 octobre 1962….
    Je vous ai compris….

  10. @ Philippe Pouzoulet:
    Permettez-moi de relever votre manque courtoisie à l’égard du commandant “Hélie de Saint-Marc” en utilisant les initiales HSM.
    DSK, BHL, NKM…nous ne sommes pas dans la même cour.
    Votre condescendance est surprenante: “Merci de votre réflexion que je rejoins. C’est surtout pour les gens plus jeunes tels que vous que je suis intervenu sur ce forum, pas pour polémiquer avec les « scrogneugneux » de la guerre d’Algérie qui, de toute manière, mourront avec les certitudes qui les ont envoyés dans le mur il y a 50 ans…”.
    Les plus jeunes que vous citez trouvent dans la vie et les écrits du commandant Hélie de Saint-Marc, une référence à leur propre vie.
    Les jeunes trouvent également des modèles, des références, des valeurs chez les “scrogneugneux” de tous âges.
    Enfin, Bolladière, B.Stora…je comprends.
    H.Meunier

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