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Tribune libre de Damien Lamarre : “Paris, le jour d’après‏”

Au lendemain des attaques de Paris, le pays, logiquement, reste prostré par la violence du spectacle de la nuit. Et par son bilan épouvantable, environ 130 morts, un massacre.

Après l’attaque terroriste la plus désastreuse de l’Histoire de France depuis la 2nde Guerre mondiale, quels sont les enseignements à tirer ?

Notons la spécificité de cette forme d’attaque, tant sur le niveau de préparation que sur son aspect suicidaire. En effet, le nombre (8 terroristes), la concomitance (140 morts en 3 heures, en 6 ou 7 lieux différents), la diversité des modes opératoires (AK47, ceintures d’explosifs, fusils à pompe?) et des lieux (Bataclan, restaurant à Nation, Stade de France, rue de Charonne, rue de la Fontaine au Roy), et surtout le professionnalisme et la détermination des protagonistes, nous montrent que la menace a changé fondamentalement de nature.

Par ailleurs, si la France a déjà connu des attaques coordonnées (à commencer par le 11 janvier), c’est bien la première fois qu’elle subit des attentats kamikazes. Selon les dernières constatations, il semble que 7 des 8 terroristes auraient déclenché leur ceinture d’explosifs – le dernier aurait été tué par le RAID au Bataclan.

Aucun responsable politique, aucun membre des services spéciaux, aucun grand flic sérieux n’a pu être surpris par les événements. Aussi légitime que soit l’émotion devant une telle horreur, on ne peut qu’être consterné par l’accumulation d’indices dans les derniers mois. Tous les grands spécialistes de la question les avaient annoncés.

De Thierry de Montbrial (“Les islamistes radicaux appellent très régulièrement sur internet à des actions sur le territoire des croisés”, avril 2015) au juge antiterroriste Marc Trevidic (“tout le monde le savait”), de Stéphane Berthomet, ancien flic (“on savait qu’on était sous le coup d’une telle menace”) à Alain Bauer (“Nous savions depuis déjà plusieurs semaines que l’on faisait face à un risque majeur vers la fin novembre”), rien ne peut justifier l’impréparation des pouvoirs publics.

On assiste à une occultation frappante de la réalité de l’événement. BFMTV a couvert plusieurs heures de direct en préconisant jusqu’à une heure tardive de ne pas parler d’attaques terroristes, malgré l’évidence. La prudence peut imposer de réserver les jugements hâtifs, mais là, le traitement des faits par les chaînes d’info en continu aurait pu aussi bien convenir à une catastrophe naturelle : ton résigné, presque aucune mention des tueurs, de leurs origines ou de leur parcours probable, sinon comme facteurs parmi d’autres des événements. A les entendre, les portes blindées du Bataclan étaient presque plus coupables que les meurtriers.

Il est frappant de constater l’attitude de la population, qui, malgré le précédent Charlie, répète les mêmes comportements moutonniers suscités par les réseaux sociaux. Les images de solidarité se mêlent aux messages de propagande, dans la même omission de l’analyse et de la réflexion.

L’attitude de la majorité des médias français depuis 2 ans était celle d’un déni de réalité : désignation de tous les auteurs de tentatives terroristes comme des déséquilibrés, et occultation systématique de leurs motivations : attaques à la voiture de décembre 2014, meurtre dans le sud de Paris en avril dernier, agression du militaire à la Défense en mai, attaque du Thalys puis une autre tentative en août à Reims, etc.

Le risque aujourd’hui, c’est qu’avec la prise de conscience du danger, l’opinion passe directement du déni à l’acceptation, voire à la résignation. Depuis la nuit dernière, fleurissent déjà sur Twitter et Facebook de multiples expressions de peur (“J’ai peur pour mes enfants”, les appels au pardon (!), le pictogramme “peace & love” maquillé en Tour Eiffel, le refus de l’amalgame. Si elle peut être légitime, une manifestation de bonté (qui sera vue comme de la faiblesse) est-elle bien opportune au lendemain d’attentats d’une telle violence ?

Il est encore tôt, mais on peut déjà observer une prise de contrôle des autorités sur l’information, et une étrange docilité des médias : interdiction des retransmissions en direct devant le Bataclan pendant toute la prise d’otages, rareté troublante des documents vidéo, absence de communication sur le déroulé des événements, sur le lien entre les attaques, sur les terroristes encore en fuite, sur l’application de l’Etat d’urgence, rôle trouble déjà manifeste des services secrets… Sans parler de l’autosatisfaction insupportable des ministres concernés (Valls, Cazeneuve), il n’est pas sûr qu’après un tel drame, il faille toujours faire une confiance aveugle en nos dirigeants.

Pour éviter les écueils de la surprise, de la sidération, du déni ou de la résignation, pour éviter de tomber de la lune à l’écoute des postures autoritaristes de Hollande, il convient de s’informer de façon approfondie : qui représente une menace ? Combien sont-ils ? qui sont les terroristes ? Comment des jeunes de 20 ans en viennent à massacrer des dizaines de personnes avant de se suicider ? Ce n’est pas un mystère, les réponses existent : dans leurs origines sociales, leur process de radicalisation, leur idéologie. Il faut étudier avec rigueur tous les aspects du sujet, les comprendre, les connaître de façon précise, sans caricature et sans complaisance.

La meilleure réponse à ces attaques n’est pas plus de démocratie, plus de fête ou plus de tolérance, comme on a pu l’entendre, mais plus de résilience. Il faut prendre de la hauteur, rester debout et se préparer.

Enfin, le vocabulaire employé masque parfois l’ampleur de la situation : ” la guerre en plein Paris” (Le Figaro), “En guerre” (l’Est républicain), “La France est en guerre” (Sud-Ouest).

La France est en guerre, oui, notamment en Syrie, mais non il n’y a pas de guerre sur le territoire français. Sans vouloir faire offense aux victimes des attentats, le danger de mort violente de la population n’a pas augmenté de façon considérable. Avec 600 à 700 meurtres par an, la France continue à se situer parmi les nations en paix. Ne minorons pas les événements, mais ne les dramatisons pas non plus, ce serait la meilleure excuse à l’inaction.

Tribune Libre de Damien Lamarre pour Infos-Bordeaux

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9 Comments

  1. Ma famille et moi-même souhaitons présenter nos plus sincères condoléances aux familles, aux amis de toutes les victimes de cette atrocité.
    Et si j’adhère à l’exposé de Damien LAMARRE, je ne suis pas d’accord sur le fait de la guerre. Si tous les attentats visant nos compatriotes depuis les années 80 que ce soit sur le territoire national comme à l’extérieur de nos frontières ne s’étaient pas produits non seulement nos statistiques seraient meilleurs mais surtout nous aurions quelques centaines de compatriotes encore avec nous et par dessus tout des familles Françaises n’auraient pas été brisées. Donc, si nous sommes en guerre et plus particulièrement du fait de l’incurie de nos politiquement corrects, de l’abandon de nos origines judéo-chrétiennes, de l’abandon de notre identité (au sens historique), de l’abandon du jus sanguinis au profit du jus solis, de l’abandon de nos frontières, de l’abandon des zones de non-droit sur notre territoire, de l’abandon de la double peine (Sarkozy), du non-contrôle de l’immigration, d’avoir laissé prospérer l’islam intégriste sur notre territoire, d’avoir soutenu les printemps arabes quand ce n’était pas ficher en l’air un régime (Libye avec Sarkozy)…, bref du travail ou du non travail de l’UMPS (LRPS aujourd’hui) qui se partage le pouvoir alternativement depuis plus de 40 ans.

    • CE QU ON NE NOUS A PAS DIT!!
      Deux survivantes britanniques du Bataclan racontent les tortures et les cris des victimes agonisantes éventrées à coups de couteau par les djihadistes.

      Mariesha Payne témoin oculaire a dit qu’elle savait que les victimes étaient torturées par les tireurs sadiques parce qu’elle entendait leurs cris alors qu’il n’y avait pas de coups de feu.

      Les tireurs d’ISIS se sont servis de couteaux pour torturer leurs victimes mortellement blessées en leur tranchant le ventre alors qu’elles étaient allongées au sol.

      Une femme témoin oculaire qui est restée cachée dans une cave pendant trois heures tandis que les criminels armés se déchaînaient dans le théâtre du Bataclan, plein à craquer, a dit qu’elle savait que les gens étaient torturés parce qu’elle entendait leurs hurlements.

      Mariesha Payne, de Perthshire, a dit au Daily Mail: « Nous savions que les gens étaient torturés à l’intérieur du théâtre car nous entendions les gens hurler, alors qu’on ne leur tirait pas dessus et ces hurlements étaient particuliers.

      « Quand nous nous sommes échappées, un homme piégé à l’étage où cela se passait nous a dit que les terroristes étaient en train de poignarder les gens au ventre. Et que des explosifs étaient jetés sur les gens. C’était un supplice effroyable. »

      Mrs Payne assistait au concert des Eagles of Death Metal avec son amie Christine Tudhope pour célébrer leur 33ème anniversaire, quand les terroristes ont fait irruption.

      Eagles-of-Death-Metal-concert-at-Bataclan

      Elles ont échappé de justesse à la mort en allant vers la droite dans une cave plutôt que vers la gauche où un tireur abattait ses victimes.

      Elles se sont barricadées là avec deux italiens et sont restées assises en silence écoutant les hurlements des 89 victimes que les tireurs massacraient juste au-dessus de leur tête.

      Mrs Payne était persuadée qu’elle ne reverrait plus jamais ses deux jeunes enfants quand elle a vu les balles atteindre la scène pendant ce concert fatidique de vendredi.

      Elle cria « Ce sont des coups de feu. Courons. Il faut sortir de là! » et empoignant son amie Mrs Tudhope elle courut vers une sortie de secours. Mais c’était une impasse, ce qui voulait dire que le seul endroit pour se cacher, était la cave.

      Elle a décrit combien toutes deux pensaient mourir, quand elles ont vu deux autres personnes entrer dans la cave – mais il s’est trouvé que c’était des otages qui les aidèrent à se barricader.

      Mrs Tudhope, une ancienne cadre supérieure de Dunfermline a dit: « Nous étions assises, attendant d’être tuées par balles. Mais si nous étions allées sur la rue, nous aurions été abattues. »

      Un autre survivant, Pierre Marie Bertin, a vu des hommes implorer les tueurs de laisser la vie sauve à leurs femmes ou leurs petites amies, mais les tueurs armés de leurs fusils d’assaut leurs disaient de se taire.

      Il a dit à USA Today: « Il y a des hommes qui sont allés au balcon et ont essayé de négocier la vie de leurs femmes avec ces types. C’était à vous rendre malade. »

      Image à la Une : Deux survivantes témoignent : Christine Tudhope et Mariesha Payne ont échappé de justesse aux djihadistes et sont restées piégées trois heures sous la salle de concert du Bataclan.

      © Copyright Europe Israël – reproduction autorisée avec mention de la source et lien actif

      Source: Ruth Halkon – http://www.mirror.co.uk/news/world-news/british-survivor-eagles-death-metal-6839245

  2. L’ex-secrétaire du parti (remplacé par un repris de justice) a déclaré : “Nous serons (im)pitoyable !” comme d’habitude…

  3. L’ex-secrétaire du parti (remplacé par un repris de justice) a déclaré : “Nous allons renforcer le contrôle (jusqu’alors inexistant) aux frontières”. Alors on a vu dans les reportages des télés d’Etat la police contrôler (plutôt faire chier) de braves petits retraités français et catholiques âgés d’environ 80 ans ! qui déclarent comprendrent ces “contrôles” !Il est vrai qu’en France, contrairement aux pays arabes, on n’a pas le droit de faire du contrôle au faciès sous peine d’être accusé de sale blanc raciste ! Il y a en effet beaucoup moins de risque de contrôlé nos petits vieux que des barbus au crane rasé !!! Une petite dernière pour la route : savez-vous que les militaires du plan-plan vigipirate n’ont pas de munitions dans leurs armes ? Cela serait trop dangereux ! ils faut qu’ils se fassent canarder sans pouvoir riposter ! On les nourrit avec des boites de rations ! On les fait dormir sur des lits de camp sous des tentes, dehors ! Vive la France corrompue des coquins !!!

    • Je tient juste rappeler que les teroristes ne sont pas des musulman barbu mais des jeunes français sans barbe et qui ne sont pas musulman. La preuve un d’entre eux tenait un bar de nuit en Belgique. Il ne faut pas avoir peur du barbu qui fait c’est 5 prière par jours mais plutôt du jeune en échec scolaire, sans emploi. Les musulmans sont les premières victimes du terrorisme, il se font tuer dans les modquée ! Je pense qu’il faut apporter notre soutient à tout les victimes du terrorisme et donc aux musulmans qui sont les plus toucher. Une pensée pour les victimes des attentas de Paris, Marrakech, Londre,Madrid, Alger, New York, d’Arabie saoudite, du Yémen, de Bamako, du Lyban Et tout les autres

  4. Et le gouvernement va remonter dans les sondages….
    Autrefois on lisait ” on juge une politique a ses resultats”….

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