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Les projets d’Alain Juppé pour le stade Chaban-Delmas

Maire de Bordeaux depuis 2006, Alain Juppé a, dans un premier temps, et grâce au classement de sa ville au Patrimoine mondial de l’Unesco, bénéficié d’une excellente réputation de défenseur du patrimoine architectural de Bordeaux. Mais la récente mise à l’encan du stade Lescure, emblématique de l’Art déco des années 30, met à mal cette réputation.

Construit sous la mandature d’Adrien Marquet, issu de l’extrême gauche mais très apprécié en sa qualité de maire de Bordeaux et qui fut condamné à dix ans d’indignité nationale à la Libération, ce stade est considéré comme le modèle des grands équipements sportifs de la période 1920-1940 par la Cité de l’architecture et du patrimoine. C’est une belle référence. Il fait partie de toutes ces constructions Art déco bordelaises qui vont de la cité universitaire aux abattoirs en passant par le centre de tri postal ou la bourse du travail. Situé près du centre-ville, il est représentatif de l’entre-deux-guerres avec son vélodrome, sa piste d’athlétisme, ses courts de tennis et son terrain réservé à la pratique du football et… du rugby.

Depuis des années cependant, Juppé et des rois de l’immobilier rêvent de transformer le parc Lescure et de disposer de ses terrains annexes afin de donner à la spéculation immobilière son véritable sens. En 2013 et malheureusement en pure perte, des riverains avaient sollicité Aurélie Filipetti afin d’obtenir le classement du site concerné par les futures démolitions. Quelques années plus tôt, la passerelle Saint-Jean, due à Gustave Eiffel et qui enjambe la Garonne, avait eu plus de chance. Menacée de disparition par Réseau ferré de France (RFF), elle avait eu la vie sauve grâce à une instance de classement par le ministère de la Culture.

Les destructions sont maintenant au programme et c’est le promoteur ADIM (filiale de Vinci) et son président Jean-Pierre Lévy qui ont remporté le marché. L’architecte Ferret est chargé de mettre à mal ce bel ensemble pour le plus grand profit de la mairie et du promoteur !

Le projet prévoit la construction de plus de 320 logements – dont une majorité de logements sociaux destinés, on s’en doute, à héberger les migrants si chers au cœur du maire de Bordeaux – mais également 6 500 m2 de commerces. Créés sans la moindre place de parking et alors que les riverains disposent déjà de tous les commerces possibles et imaginables ! Kebabs orientaux et autres boucheries halal permettront aux futurs locataires de s’intégrer totalement. Sont également au programme la construction d’une résidence étudiante et celle d’une résidence seniors. Afin d’être au goût du jour, l’architecte veut faire disparaître les grilles et les barrières actuelles afin « de libérer l’espace ». Mais surtout de permettre à une certaine faune de trouver l’endroit ad hoc pour venir mendier ou se livrer à tous les trafics possibles et imaginables, comme le trafic ou la consommation de drogue qui ne semblent pas émouvoir plus que cela le maire de Bordeaux, si l’on en juge par sa volonté d’accueillir une future salle de shoot à Bordeaux. Comme quoi la démagogie architecturale et la démagogie politique peuvent faire bon ménage !

Pour arriver à tout cela et satisfaire les désirs de Juppé tout heureux de pouvoir rentabiliser un patrimoine de sept hectares en quasi-centre-ville, les Bordelais verront disparaître les sept escaliers vénitiens entourant le stade et qui faisaient partie de cet ensemble patrimonial. Envolées également une partie des gradins ainsi que les voûtes qui les recouvraient. Même chose pour la piste d’athlétisme qui, passant aux pertes et profits, sera remplacée par un espace destiné à abriter les véhicules des futurs habitants. Plusieurs terrains de tennis ainsi qu’un terrain de pelote basque seront également sacrifiés. Bref, un saccage total afin de donner naissance à une monstruosité qui rompt l’unité architecturale et esthétique d’un monument emblématique auquel même Jacques Chaban-Delmas, pourtant très impliqué dans l’immobilier, n’avait même pas osé toucher.

Cette opération suffira-t-elle à compenser les pertes du nouveau stade Matmut Atlantique construit en 2011 par Juppé à grand renfort de publicité ? Réponse dans quelques années.

Nombreux sont ceux qui regrettent ces démolitions. Certains ont même lancé une pétition en ligne sur le site de La Tribune de l’Art, toujours très vigilant dans sa défense du patrimoine.

Article publié par Francoise Monestier dans le journal Présent du 02/01/2016

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3 Comments

  1. Finalement pas très étonné par “not’ bon maire” Juppé.
    Entre la grande Mosquée (de 12000 places) de la rive droite, l’observatoire de la diversité de la mairie, la salle de shoot (validée par l’équipe de la mairie) et “la création d’une commission chargée de réfléchir sur la façon d’améliorer la connaissance du grand public sur le passé négrier de la ville”, qu’il mette en “coupe réglée” notre stade classé… n’est pas surprenant. En matière de lessivage de notre patrimoine, de notre identité et de notre société, il se pose là “not’ bon maire”. Il mériterait un nouveau surnom : le “Grand Nettoyeur”.

  2. Pas convaincu non plus parles nouvelles constructions de Mr Juppé nottament a Bordeaux lac ou a Bacalan. Des nouvelles cités en perspectives, tres denses, surement rentable, mais l’immigration de masse ce ressent a Bordeaux qui change de figure. La tolerance de mr Juppé n’as pas de prix ou plustot il en as un . C’est une vision a court terme qui ne fera que nuire a cette ancienne ville paisible.

  3. Je viens d arriver dans cette belle région et je trouverais vraiment dommage de transformer ce magnifique et emblématique stade multi activités. Je pense que si vous voulez des logements utilisé plutôt le grand terrain de rive droite !!!!!!!!

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