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L’ancien député Jean Paul Garraud appelle à l’union des Républicains et du Rassemblement national

Le nouveau mensuel de droite « L’Incorrect », dirigé par Jacques de Guillebon et soutenu par l’ex UMP Charles Beigbeder, a rencontré l’ancien député libournais, Jean Paul Garraud. Dans ce magazine, le co-fondateur de la Droite Populaire (avec notamment Thierry Mariani) appelle à « l’union des droites », y compris avec le Rassemblement national (ex Front national). Très apprécié par les adhérents Républicains de Gironde, ce dernier était pressenti pour être le garde des Sceaux de François Fillon en cas de victoires aux dernières élections présidentielles.

Après l’élection de Laurent Wauquiez, que vous aviez soutenu, à la présidence des Républicains, vous aviez réclamé que LR en revienne aux « thèmes forts » du RPR de la grande époque afin d’engager la « reconstruction ». Quelque six mois plus tard, quel regard portez-vous sur son action ?

Les thèmes qu’a choisis Laurent Wauquiez et qu’illustre le tract qui a fait polémique (« Pour que la France reste la France ») sont ceux qui intéressent les Français. Les questions de l’identité et de l’immigration sont au cœur des préoccupations de nos concitoyens, tant la France, comme l’Union européenne à laquelle la France s’obstine à déléguer ses pouvoirs en ce domaine, se révèlent incapables de s’en saisir et a fortiori de les régler. Pour tout dire, les électeurs des Républicains, pour ne parler que d’eux, n’attendaient même cela que depuis trop longtemps.

Cela posé, je constate, rien qu’en écoutant ce qui se dit autour de moi, que, malgré les grandes qualités de Laurent Wauquiez, le discours de LR ne prend pas et cela pour différentes raisons. Les unes sont liées à la perception que les électeurs ont de l’homme Wauquiez – qui n’est pas aidé par les médias, c’est le moins qu’on puisse dire –, d’autres sont plus profondes.

Il est d’abord très difficile de rééditer en 2018, dans la perspective de 2020 puis de 2022, ce que Nicolas Sarkozy était parvenu à faire pour la présidentielle de 2007, en raison du poids des erreurs et des promesses non tenues dans le passé, et du fait qu’un certain nombre de gens dits de droite se sont éloignés pour se rapprocher d’En Marche, les uns parce qu’ils s’étaient finalement trompés de famille politique, les autres pour bénéficier de quelque parcelle de pouvoir.

La plupart des centristes sont partis, les autres le feront, et cette clarification pourrait avoir des effets tout à fait bénéfiques dans la mesure où LR n’a plus ou quasiment plus d’obstacles internes à l’ouverture de discussions avec l’ensemble des forces politiques de la droite française. Or à cela, Laurent Wauquiez oppose un refus constant.

Il ne veut pas parler avec Nicolas Dupont-Aignan, qui vient pourtant de notre famille politique et avec lequel j’ai siégé au sein du groupe UMP durant mon premier mandat – et lui aussi ! Il ne veut pas parler non plus avec le Front national, parce que, comme vous le savez, c’est un interdit de la vie politique française, sauf à franchir la « ligne rouge » fixée par François Mitterrand. Plus de vingt ans après sa mort, François Mitterrand, qui avait toujours été notre adversaire, dicte encore notre ligne de conduite !

Dans ces conditions, la voie est très étroite pour LR et pour Laurent Wauquiez ; c’est même de l’ordre de mission impossible…

Vous en avez parlé avec lui ?

Jamais ! Quelques semaines après son élection à la présidence de LR, il avait décidé de constituer un « shadow cabinet » sur le modèle britannique, un contre-gouvernement de l’opposition. Je devais y occuper le « portefeuille » de la justice. Cela fait maintenant six mois et je n’ai plus eu aucune nouvelle. Je ne sais même pas si l’idée est toujours à l’ordre du jour.

Vous êtes donc favorable à l’union des droites ?

Mais il y a longtemps que je le suis et je l’ai payé cher : cela m’a coûté en grande partie mon siège de député.

Lors des législatives de 2012, j’avais été l’un des premiers à dire, dans ma famille politique, qu’il fallait parler à tous nos compatriotes, d’où qu’ils viennent et quelle que soit leur proximité politique. J’avais expliqué qu’il fallait parler aux électeurs du Front national, qu’il fallait arrêter de les stigmatiser, d’autant que nous en connaissions tous et que ce n’étaient pas de mauvais Français.

Dans un entretien au quotidien 20 Minutes, j’avais déclaré précisément ceci : « Il y a un certain nombre de convictions communes avec le FN, notamment sur le souci de préserver notre identité française. Mais il existe aussi des différences, comme sur l’Europe ou la peine de mort. » Qu’avais-je dit là ! Cela m’a valu aussitôt un communiqué de presse d’Alain Juppé dans lequel il disait « désapprouver fermement ces propos en totale contradiction avec la position du bureau national de l’UMP », Sud-Ouest a titré « Alain Juppé lâche Jean-Paul Garraud » et j’ai vu fleurir des panonceaux reprenant ce titre à tous les coins de rue dans ma circonscription de Libourne. Beaucoup d’électeurs en ont été naturellement troublés et le résultat escompté est advenu…

Comment voyez-vous cette union de la droite ?

Le rassemblement que je souhaite – et que j’estime même nécessaire – comprend l’union de la droite mais il va au-delà. Je crois au rassemblement de tous ceux qui croient à la France et veulent préserver son identité. Ce qui inclut un certain nombre de gens de gauche qui sont des patriotes sincères. Quand j’étais rapporteur de la loi sur l’interdiction de la dissimulation du visage dans l’espace public, dite « loi sur l’interdiction du voile intégral », adoptée en 2010, j’ai travaillé avec des communistes, comme le député du Rhône André Gérin, et nous étions totalement en phase.

Ce rassemblement doit se faire sur l’idée de nation, avec la volonté de pérenniser sa culture et ses traditions, et de valoriser son histoire. La France, nation à vocation universelle, a la mission d’exporter ses valeurs et le devoir de ne pas les laisser tuer de l’intérieur. C’est sur cette ligne-là, qui est partagée par une majorité de nos concitoyens, que nous devons – que nous avons « l’impérieux devoir » – de rassembler.

La victoire surprise d’Emmanuel Macron a montré qu’il était possible de bouleverser l’échiquier politique, je suis persuadé que nous pouvons encore le bouleverser davantage. Sur une idée simple, mais forte, la plus forte qui soit : la France.

Je suis habité par cela, par cet amour de la France que je dois en premier lieu à ma famille. J’ai eu la chance d’avoir un grand-père qui avait fait les deux guerres, car, né en 1899, il s’était engagé volontaire en 1916. A chaque fois que je parlais avec lui, c’était comme si j’ouvrais un livre d’histoire, et, sans m’en rendre compte, je me suis imprégné de tout cela. Au point que j’ai naturellement acquis l’absolue certitude que si bien des choses peuvent être discutées, il en est une qui ne peut pas l’être, qui est intangible, qui nous fait ce que nous sommes, qui est non négociable, c’est la France.

Suite de l’interview sur https://lincorrect.org/notre-offre/

©BL/L’Incorrect

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3 Comments

  1. Enfin , nous sommes plusieurs militants ou anciens militants a féliciter le courage de Monsieur J.P. Garraud Pour la France, merci

  2. Merci Mr Garraud. Vous êtes pour nous un de ces hommes sincères, honnête et courageux que nous avons toujours connu. Soyons encore une fois unis avec tous les patriotes de tout milieu y compris du Rassemblement National, Debout la France ; tous les amoureux de la France qui veulent rester français en France.

  3. Jean-Paul qui fait parti intégrante de l’amitié personnelle que je lui porte est un homme de grande intelligence – un homme très compétent en matière de justice – un homme qui porte haut les valeurs que l’on nous a inculqués dès le plus jeune âge – un homme qui dégage une très grande personnalité tant dans sa prestance que dans ses raisonnements – un homme loyal – un homme qui aime son pays, sa famille et ses nombreux amis. On ne tarie pas d’éloges pour lui.Je luis dois d’être ce que je suis à ce jour, il m’a montré le chemin et j’ai pris bonnes notes pour le reste de mon chemin que je parcours avec ardeur et conviction. Enfin, pour terminer, Jean-Paul c’est un homme en qui il faut croire.

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